mardi 28 février 2012

Torticolis melancolique

Vous connaissez le torticolis mélancolique ? Moi, ça faisait trois jours qu'il m'était tombé dessus. Sous le poids du mal, le cou avait résisté autant qu'il avait pu, le malheureux. Résisté au point de se raidir, jusqu'à ce que, crac, le coinçage. La mélancolie était bien installée. Vilaine.

Avec un torticolis mélancolique, c'est pas pratique de conduire. Alors, aller au cours de chant, ça prenait des allures d'épreuve paralympique. En même temps, j'avais bien travaillé mes chansons. "Je t'aime mélancolie" et "Le monde est stone". Dans un effort physique surhumain, je me suis donc propulsée jusqu'à mon véhicule, le cou enserré dans une minerve du plus bel effet. Si un jour quelqu'un a l'idée de fabriquer des minerves un peu jolies, je sais pas moi, avec motifs burberry ou vichy, ça pourrait être vraiment sympa.

Quand je suis arrivée au cours de chant, j'étais grognon. C'est douloureux le torticolis mélancolique. ça donne pas envie d'être gentil avec les autres. Tout le monde était là, manquait juste Katell qu'avait mal au dos. Elle s'écoute trop, Katell.

Isa notre prof nous a dit : "mettez-vous parterre sur les tapis, on va s'échauffer". Elle m'a regardée et m'a demandée : "ça va aller ?". "Ben oui, pour m'allonger", que j'ai répondu. "Après, pour me relever ...". J'ai pensé un instant qu'il me fallait peut-être une auxiliaire de vie.
Contre toute attente, j'ai survécu aux échauffements. Je dois même dire que j'ai ressenti comme un petit début de détente du corps. Pas miraculée, mais un peu mieux.

Puis on a commencé à chanter. Et c'est drôle, mais après les deux premières chansons, j'ai eu envie de retirer ma minerve. Du bien-être m'envahissait peu à peu par les poumons. J'étais moins grognon. J'ai recommencé à vanner Myriam, que j'appelle toujours Nadège (faut pas chercher pourquoi, c'est mon humour). J'ai charrié Marie, parce qu'elle avait la larme facile. Marie, c'est la benjamine du groupe. Elle aime Lara Fabian, Amel Bent et Calogero. A chaque fois que l'une d'entre nous réalise une interprétation émouvante, elle sort immuablement "holala, c'était trop fort, j'ai failli pleurer". Et puis je me suis fait un brin de causette avec Estelle. Je l'aime bien Estelle, elle est rock-n-roll.

22h00. Le cours est terminé. Une dernière clope dehors entre nous avant de se quitter. J'ai remis ma minerve, j'ai toujours un torticolis. Mais je crois que c'est plus un torticolis mélancolique.

mercredi 22 février 2012

Qui ne tente rien ...

La critique littéraire n’est pas chose facile pour moi. Je le rattache souvent à un exercice scolaire un peu fastidieux, qui me renvoie aux fiches de lecture du lycée. Pourtant, partager une lecture, donner envie à d’autres de s’y plonger en vaut la peine. Surtout quand cette lecture m’a fait réfléchir et m’a touchée.

C’est le cas de l’« Éloge du risque » d’Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste. Synonyme de danger, le risque est un mot qui fait peur. L’auteur renverse cet a priori dans son essai, où elle présente autant de situations dites risquées de la vie : la passion, l’inconnu, la révolution, la solitude… ou pas forcément considérées comme telles : la liberté, la parole, la beauté, l’avenir, l’enfance…

Certains chapitres sont ardus, d’autres d’une écriture épurée. C’est un livre que l’on ne lit pas d’une traite. Composé d’une cinquantaine de courts chapitres, on le prend, on le pose, on y revient. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la poésie et la profondeur avec lesquelles Anne Dufourmantelle écrit. Je vous en donne un aperçu dans ce morceau choisi qui m'a particulièrement touché :

«Éprouver la déception suppose d’avoir cru à un monde magique, avec baguette de fée et ciel ouvert sur des dragons et des ciels abritant des créatures fantasques. C’est avoir joué le jeu, risqué cela et d’une certaine manière avoir perdu, mais sans regret d’y avoir cru. Si ce monde n’est pas la réalisation de ton rêve, il contient au moins ton attente, et ma promesse envers toi. (…) La déception appartient d’abord au monde de l’enfance. L’enfant est constamment déçu et toujours il se reprend à espérer, quel vaillant petit soldat ! Et ce mouvement d’attente malgré tout, le constitue jusque dans ses fibres, parce qu’il est presque entièrement et tout le temps espérance ».

Extrait de « Eloge du Risque » - Anne Dufourmantelle
Editions Payot, 2011

dimanche 19 février 2012

Joyeuse Sainte-Nicotine

4 semaines, 2 jours, 21 heures, 36 minutes et des poussières de secondes sans elle. Qu'est-ce qui m'avait donc pris ?

Bon, y avait bien le médecin qui me faisait les gros yeux, pas vraiment impressionnant. Les photos dégueus de tumeur de la gorge sur les paquets, j'en faisais la collec' comme les Panini. Tout le monde le sait, ça n'arrive qu'aux autres. Les prix qui ne cessent d'augmenter, j'étais prête à manger des patates. Contre l'haleine de hyène, je mastiquais joyeusement des Airwaves.

Non, moi ce qui avait fait clic dans ma cervelle enfumée, c'était les cours de chant. Je les ai commencés en septembre et je m'éclate. J'ai pas la voix de Whitney (R.I.P), mais peu importe. Un plaisir, vrai de vrai. Seulement voilà, la clope c'était mon poil à gratter. Un chat au fond du gosier, mais alors un persan à poils très longs. Je toussotais comme une tuberculeuse, sous les regards navrés de mes comparses. J'exagère à peine.

Alors j'ai dit stop, sur un coup de tête. J'ai dit au revoir à Nicotine la vieille copine. 20 ans d'une amitié sans faille, pourtant. Pas une dispute, pas une rupture. J'ai pas eu un seul regard pour nos souvenirs communs. Tous ces instants où elle m'avait accompagnée dans mes rêveries, mes discussions passionnées entre potes, mes pauses confidences avec les collègues.

C'était pas aussi dur que j'aurais cru. Je m'étais même dit que finalement, c'était peut-être une fausse amie, et moi une crapoteuse du dimanche. Et puis je trouvais ça cool, j'avais un alibi pour m'empiffrer. "Oui vous comprenez, j'ai arrêté de fumer...". Et là, vos hôtes de compatir en vous filant une deuxième portion de tiramisu fait maison. Avec un peu de chance, je pouvais même récupérer le reste dans un tupperware avant de partir.
Je retrouvais mon teint de jeune fille. Enfin, c'est ce que me disait mon beau miroir. "Oui, tu es la plus belle. L'Oréal va bientôt t'appeler pour la pub de sa prochaine crème hydratante. Parce que tu le vaux bien". Je l'aurais presque cru.
j'avais l'impression de retrouver un cinquième sens oublié depuis longtemps. "Ah, t'es allée fumer ! Qu'est-ce que tu pues la clope !". Oui, je commençais à cumuler les symptômes de l'ex-fumeuse.

Il a suffi d'une Saint-Valentin. Pourtant, j'étais pas toute seule. Enfin, je veux dire, j'étais pas avec Valentin, mais je buvais un canon avec ma copine Valentine. Une chance, Valentine, elle s'en fout de la Saint-Valentin. Oui, c'est plus facile quand on a un Valentin de ne pas lui souhaiter sa fête (aparté perfide). Bref, on était là à discuter tranquillement avec Valentine. Et puis elle m'a dit : "je te laisse 2 minutes, je vais m'en griller une". Et là, je sais pas ce qui m'a pris :
Réponse A : L'euphorie due à mes deux bières ?
Réponse B : L'envie de jouer avec le feu (du briquet) ?
Réponse C : Un sentiment de solitude ?
Réponse D : Une pulsion ?
Réponse E : Les quatre à la fois ?

En tout cas, j'ai suivi Valentine. L'air de rien, je lui ai dit "tu m'en files une ? T'inquiètes, je gère". Pffffff, je gère, tu parles. A la première bouffée, j'ai su qu'elle avait gagné. Y a pas eu de grandes effusions, entre Nicotine et moi. Juste un vieux couple qui se retrouve, avec ses petites habitudes.

C'est que Nicotine, elle est tenace. Ou alors c'est moi qui suis lâche ...

Lucy

PS : Valentine, tu n'y es pour rien. Bisous.


mercredi 15 février 2012

Les Affectifs Anonymes

On ne trouve pas de statistiques sur eux. L'INSEE ne doit pas les considérer comme dignes d'une étude sérieuse. Pourtant, leur population ne cesse d'augmenter. Symptôme de notre XXIe siècle ? Les affectifs errent sur les sites de rencontre, se perdent dans les speed-dating, dépérissent dans les after-work. Forcément déçus. Depuis trois ans, le docteur Loveless vient en aide à ces malades du coeur. Médecin psychiatre en retraite, il a ouvert pour eux "les Affectifs Anonymes" en région parisienne. Entretien.

- Docteur, comment définiriez-vous en quelques mots un affectif ?
- L'affectif est une personne dépendante, au même titre qu'un alcoolique ou qu'un drogué. Mais sa dépendance à lui n'est pas liée à une substance, ce sont les relations qu'il entretient avec autrui.
- Que recherche-t-il exactement ?
- J'ai mené de nombreux entretiens avec des patients avant d'en arriver à cette conclusion. Ils ont besoin d'amour.
- Découverte essentielle, en effet... Est-ce que ce sont des personnes qui ont manqué d'amour dans leur enfance ?
- Pas nécessairement. Un affectif peut rechercher l'amour qu'il n'a pas eu ou essayer de retrouver celui qu'on lui a prodigué généreusement.
- Quels sont les symptômes ?
- Je prendrai la boulimie en parallèle. L'affectif va se précipiter sur les sentiments avec avidité, sans prendre le temps de les savourer. Il n'est jamais rassasié.
- Et pour l'objet de son affection ?
- Hé bien, là, c'est rapidement l'indigestion ! Trop de nourritures affectives d'un seul coup, l'organisme le supporte rarement sur la durée.
- Que préconisez-vous aux "Affectifs Anonymes" ?
- La diète ! Je leur apprend à doser, mesurer, ce qu'ils ont dans leur coeur.
- Mais cela doit être terrible pour eux, non ?
- On n'a rien sans rien, vous savez. Ce qui compte, c'est l'envie d'avancer.
- Avez-vous obtenu des résultats positifs depuis le début de vos ateliers ?
- Oui, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 7 mariages en vue, 4 pacs, et des belles histoires qui s'amorcent. Et puis, nous avons notre bébé "Affectif Anonyme" ! Un charmant petit garçon... Désiré.

Propos recueillis par Lucy S.

lundi 13 février 2012

Positive Attitude

- Bonsoir ma chérie
- Bonsoir maman
- Je viens d'avoir ton cousin Léo au téléphone. Il m'a annoncé son mariage cet été à La Réunion.
- Oui, je suis au courant, on a pris l'apéro ensemble dimanche dernier. C'est chouette, hein ?
- Mes vacances en juillet tombent à l'eau.
- Comment ça ?
- Je devais aller chez Bertrand et Martine dans le sud. Maintenant, ils partent à La Réunion pour la noce !
- Tu pourrais peut-être les accompagner ? Vous seriez tous ensemble là-bas.
- Tu plaisantes ? 13 heures d'avion, dans mon état, ce n'est pas possible. Sans compter le décalage horaire.
- Il n'y a que 2 heures ...
- Oui mais moi, ça va perturber mon sommeil. Et quand je dors mal, j'ai des migraines.
- Il y a la beauté de l'île quand-même, le dépaysement, les saveurs ...
- Tu sais bien que je ne peux pas manger épicé.
- Écoute, c'est pas grave. On a l'autre mariage, celui de Matthew, en Angleterre.
- Je vais être un boulet pour tout le monde là-bas.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Ma sciatique s'est réveillée, je suis très limitée dans mes déplacements.
- Tu feras ce que tu voudras sur place.
- Et puis, le gîte dans lequel je dors, c'est le gîte des ronfleurs.
- Quoi ?
- Oui, je me retrouve avec Jean-Paul et Viviane. Tu as déjà dormi chez eux ? Jean-Paul, c'est impossible de fermer l’œil avec lui. Quand je dors mal, moi j'ai des migraines.
- Oui, je sais,tu me l'as déjà dit...
- Sinon, tu vas bien ?
- Oui, ça va. Je vais te laisser, je n'ai pas encore dîné.
- Tu as préparé quoi ?
- Un riz au curry.
- Ah, tu en as de la chance ! Moi, je ne peux pas manger épicé.
- Je sais ... Allez, à bientôt maman.
- A bientôt ma chérie.

dimanche 12 février 2012

Les paradis perdus

Whitney Houston est morte. Oui je sais, ce n'est pas un sujet hautement littéraire. Mais c'est le scoop du jour. Et puis surtout, c'est triste.
Je me souviens de sa première apparition à la télévision française, dans le sacro-saint "Champs-Elysées". Le regretté Serge Gainsbourg était l'invité principal de l'émission. Enfin, ce soir-là, Gainsbarre était plutôt aux commandes. La toute jeune Whitney venait de terminer sa prestation vocale (en play-back ?). Ravissante et fraîche. C'est aussi ce qu'a dû se dire Gainsbarre, qui l'a immédiatement traduit en un délicat "I want to fuck her". Whitney, je vois encore sa tête. Elle n'en revenait pas de ce qu'elle venait d'entendre. Shocking ! Et Drucker qui essayait de rattraper le coup en se marrant. C'était drôle, vraiment.

26 ans plus tard, ce souvenir léger me fait un pincement au coeur.

"Champs-Elysées" n'existe plus depuis bien longtemps. Serge Gainsbourg a disparu, emporté par ses démons. Et Whitney vient de le rejoindre. Diva arrivée aux plus hauts sommets, tombée dans les paradis artificiels, peut-être pas si éloignés de ceux de Gainsbarre. Un ange déchu.

RIP Whitney. Trouve toi un mec bien là haut, et passe le bonjour à Monsieur Gainsbourg. 


samedi 11 février 2012

Guerison


La nuit dernière, j’ai fait un rêve. C’était l’hiver, dans un pays très froid, un pays avec de vastes plaines enneigées et des forêts de sapins immenses.
L’animal gisait sur le flanc droit. Un renne majestueux, dont les bois s’étalaient sur le sol gelé comme un trophée inutile. Son grand corps était presque immobile, mais de la fumée sortait de ses naseaux à rythme régulier. Les yeux mi-clos, le renne souffrait. Il s’était blessé ; le troupeau avait continué sa route sans lui.
Elle est arrivée de nulle part. Un point minuscule à l’horizon, qui prend forme peu à peu. Emmitouflée dans ses habits en peau, elle marchait avec des raquettes. La tête dans une chapka en fourrure, juste quelques mèches de cheveux s’en échappant.
Elle s’est approchée du renne et s’est agenouillée à ses côtés. L’animal a tressailli et ouvert grand les yeux. Alors elle a plongé son regard dans le sien. Un regard plein d’amour, d’une douceur infinie. Et quelque chose s’est passé. Les yeux de l’animal ont acquiescé.
Elle a posé une main sur sa patte blessée, l’autre au sommet de sa tête.
Le renne a soupiré, un soupir profond. Elle a senti le corps de l’animal se détendre. Elle a laissé ses mains ainsi, pendant un long moment.
Quand elle a eu fini, elle a retiré ses mains et recouvert le renne d’une couverture. Elle a sorti de son sac des feuilles d’arbuste, pour le nourrir.
Le renne s’est laissé faire, comme un enfant. Réchauffé et rassasié, dans un ultime geste de confiance, il a fermé les yeux et s’est endormi auprès d’elle.

Bien-etre animal

Il fait froid, très froid depuis une semaine.

Dans mon 45 m2, je me les caille. Pourtant, j'ai le chauffage électrique, une chaudière pour me faire couler des bains fumants, une gazinière pour faire bouillir l'eau de mon thé, des gros pulls plein l'armoire, une couette bien épaisse.

Je me promène dans Nantes, emmitouflée dans mon manteau, avec mon kit bonnet-écharpe-gants. C'est difficile à décrire, le froid. Pour une petite balade d'après-midi sous le soleil, ça a son charme. Le charme des sports d'hiver, quand on fend la bise sur ses skis, en pensant au vin chaud du goûter, ou à la fondue du dîner. En fait, on aime le froid quand on sait qu'il ne va pas durer. Allez hop, un bon bol d'air avant de retrouver la tiédeur de son chez-soi. De l'hygiène de vie, en somme.

Je ne sais pas ce qu'elle ressent, la fille avec son chien, près de la place Royale. Elle sourit aux passants, enfin je crois. Je ne me souviens plus vraiment de ses traits, un visage parmi tant d'autres. C'est bizarre, mais son chien, lui, je m'en souviens bien. Un labrador. Jaune. Il dormait dans le duvet. Je m'en souviens parce que, cette image, elle m'a émue. Je me suis sentie remplie de tendresse pour cet animal, endormi dans le froid de la rue. Je me suis aussi dit que la fille, elle devait bien s'en occuper de son chien. Parce qu'il était au chaud dans le duvet. J'ai pas tellement pensé à qui s'occupait de la fille.

Fan des annees 80

J'aime bien la liste de mes goûts sur pointscommuns.com. Ouais, c'est vrai, j'en suis assez fière. Des goûts de bon goût, tu vois. De la diversité, un zeste d'originalité, mais pas trop. Le genre fille rock et film d'auteur, avec ce qu'il faut de cervelle pour lire des livres.
Attention, je dis pas que j'ai menti. Non, j'aime vraiment beaucoup le trip-hop d'Archive, les films de Jacques Audiard, la lecture de Libé dans le TGV.

Seulement si j'étais vraiment sincère, je devrais parler de ma liste parallèle. Mon image de marque va en prendre un coup, je le sens. Tant pis, je me lance.

Dans ma voiture, j'ai une compilation des chansons des années 80. Un double CD. Ma préférée, c'est "When the rain begins to fall" de Germaine Jackson avec Pia Zadora. Mais pas que. Je reprends à tue-tête "En rouge et noir" de Jeanne Mas et "Plus près des étoiles" de Gold. Il y aussi Tarzan Boy de Baltimora, qui me rappelle trop les cassettes de faux chanteur qu'on achetait sur les marchés à Pornichet l'été. ça coûtait moins cher que les vraies et moi, à 10 ans, je m'en fichais royalement.

Libé et Marianne c'est bien, mais Psychologies Magazine, je kiffe trop. ça me parle de trucs qui m'intéressent vraiment, qui me permettent de me développer personnellement, et tout et tout. Le courrier des lecteurs, c'est encore mieux que celui de Femme Actuelle. Tu sens que la psychiatre qui répond, c'est du sérieux. T'as déjà vu la tête de Claude Halmos ? Elle plaisante pas. La compétence se lit sur son visage.

Mais il y a pire. Là, c'est du lourd. J'apprécie la lecture de Voici sur la plage. Bon l'intérêt a diminué en vieillissant. Je connais plus toujours les people dont on parle (Justin Bieber, je sais pas ce qu'il chante), alors bon, forcément c'est plus difficile à suivre. Mais que Gad Elmaleh ait une aventure avec Charlotte de Monaco, bon ben, c'est du scoop quand-même !

Quand j'ai pas le moral, les "Bronzés font du ski" ou les caméras cachées de Lafesse, ça me requinque. Pour mes soirées midinette, j'ai un quarté gagnant : "Quatre mariages et un enterrement", "Love Actually", "Coup de foudre à Notting Hill" et "Bridget Jones".

Ouf, je me sens mieux ! Elle était pas complète du tout, ma fiche. En fait, ça serait sympa si on faisait tous notre deuxième liste. Question de tester notre ouverture d'esprit. Et moi, quelles sont mes limites ? Un jour, une copine m'a dit qu'elle ne pourrait pas sortir avec un homme qui lit Marc Lévy. Je crois que je préfère cela à un homme qui ne lit pas du tout !

On peut pas etre tranquille !

L'autre soir, j'étais en train de dépérir au pied de mon radiateur. J'avais décidé que j'étais très malheureuse, là, avec Hallelujah de Jeff Buckley en boucle, question de bien alimenter mon désespoir. Des grosses larmes coulaient et avec ma sinusite du moment, autant dire que ça devait pas être beau à voir. M'en fous, j'étais dans le noir.

Sur ce, un texto. Je réponds pas. Au moins, je vais être digne dans ma souffrance. J'ai horreur des geignards. Non, moi je geins toute seule. Bon, je regarde quand-même. C'est Alex qui prend de mes nouvelles. Pffff ... m'énerve celui-là, avec son éternelle bonne humeur.

Deuxième texto. Il est lourd, Alex ! Bon, je regarde quand-même. C'est Franck. Il est avec Guillaume et ils me souhaitent la bonne année. Allusion à notre 31 parisien. Bien sympa, ce petit réveillon... Allez, je réponds, je prends sur moi. Bisous les gars. N'empêche que je suis triste.

Je me traîne jusqu'à mon lit. Fait un froid de canard dans la chambre. Sous la couette, c'est mieux. Je peux régresser gentiment. Un appel. Putain, c'est pas possible ça, on peut pas être tranquille chez soi pour bercer son chagrin ! C'est Nolwenn. Allez, je réponds. Elle voudrait bien que je l'accompagne à un concert demain soir. Demain soir ? Non, j'ai rien de prévu. Ok, je viens. Oui oui, ça me fait plaisir. En plus, c'est vrai.

Bon, je vais peut-être répondre à Alex, quand-même. On s'échange des nouvelles. Il m'invite à dîner chez lui un soir, en tout bien tout honneur, on est amis. N'empêche, c'est la première fois et ça me touche.

ça y est, je sens que ma déprime de Bridget Jones à deux balles se transforme en une crise de sentimentalisme dégoulinant. Tant pis. Finalement, je préfère avoir un coeur d'artichaut qu'un coeur en hiver (admirez mon sens de la formule, on dirait du Katherine Pancol).

Allez, je laisse libre cours à cette vague d'amour pour mes potes qui me submerge. C'est bon de vous avoir, yep !