mercredi 22 février 2012

Qui ne tente rien ...

La critique littéraire n’est pas chose facile pour moi. Je le rattache souvent à un exercice scolaire un peu fastidieux, qui me renvoie aux fiches de lecture du lycée. Pourtant, partager une lecture, donner envie à d’autres de s’y plonger en vaut la peine. Surtout quand cette lecture m’a fait réfléchir et m’a touchée.

C’est le cas de l’« Éloge du risque » d’Anne Dufourmantelle, philosophe et psychanalyste. Synonyme de danger, le risque est un mot qui fait peur. L’auteur renverse cet a priori dans son essai, où elle présente autant de situations dites risquées de la vie : la passion, l’inconnu, la révolution, la solitude… ou pas forcément considérées comme telles : la liberté, la parole, la beauté, l’avenir, l’enfance…

Certains chapitres sont ardus, d’autres d’une écriture épurée. C’est un livre que l’on ne lit pas d’une traite. Composé d’une cinquantaine de courts chapitres, on le prend, on le pose, on y revient. Ce qui m’a le plus marqué, c’est la poésie et la profondeur avec lesquelles Anne Dufourmantelle écrit. Je vous en donne un aperçu dans ce morceau choisi qui m'a particulièrement touché :

«Éprouver la déception suppose d’avoir cru à un monde magique, avec baguette de fée et ciel ouvert sur des dragons et des ciels abritant des créatures fantasques. C’est avoir joué le jeu, risqué cela et d’une certaine manière avoir perdu, mais sans regret d’y avoir cru. Si ce monde n’est pas la réalisation de ton rêve, il contient au moins ton attente, et ma promesse envers toi. (…) La déception appartient d’abord au monde de l’enfance. L’enfant est constamment déçu et toujours il se reprend à espérer, quel vaillant petit soldat ! Et ce mouvement d’attente malgré tout, le constitue jusque dans ses fibres, parce qu’il est presque entièrement et tout le temps espérance ».

Extrait de « Eloge du Risque » - Anne Dufourmantelle
Editions Payot, 2011

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