dimanche 19 février 2012

Joyeuse Sainte-Nicotine

4 semaines, 2 jours, 21 heures, 36 minutes et des poussières de secondes sans elle. Qu'est-ce qui m'avait donc pris ?

Bon, y avait bien le médecin qui me faisait les gros yeux, pas vraiment impressionnant. Les photos dégueus de tumeur de la gorge sur les paquets, j'en faisais la collec' comme les Panini. Tout le monde le sait, ça n'arrive qu'aux autres. Les prix qui ne cessent d'augmenter, j'étais prête à manger des patates. Contre l'haleine de hyène, je mastiquais joyeusement des Airwaves.

Non, moi ce qui avait fait clic dans ma cervelle enfumée, c'était les cours de chant. Je les ai commencés en septembre et je m'éclate. J'ai pas la voix de Whitney (R.I.P), mais peu importe. Un plaisir, vrai de vrai. Seulement voilà, la clope c'était mon poil à gratter. Un chat au fond du gosier, mais alors un persan à poils très longs. Je toussotais comme une tuberculeuse, sous les regards navrés de mes comparses. J'exagère à peine.

Alors j'ai dit stop, sur un coup de tête. J'ai dit au revoir à Nicotine la vieille copine. 20 ans d'une amitié sans faille, pourtant. Pas une dispute, pas une rupture. J'ai pas eu un seul regard pour nos souvenirs communs. Tous ces instants où elle m'avait accompagnée dans mes rêveries, mes discussions passionnées entre potes, mes pauses confidences avec les collègues.

C'était pas aussi dur que j'aurais cru. Je m'étais même dit que finalement, c'était peut-être une fausse amie, et moi une crapoteuse du dimanche. Et puis je trouvais ça cool, j'avais un alibi pour m'empiffrer. "Oui vous comprenez, j'ai arrêté de fumer...". Et là, vos hôtes de compatir en vous filant une deuxième portion de tiramisu fait maison. Avec un peu de chance, je pouvais même récupérer le reste dans un tupperware avant de partir.
Je retrouvais mon teint de jeune fille. Enfin, c'est ce que me disait mon beau miroir. "Oui, tu es la plus belle. L'Oréal va bientôt t'appeler pour la pub de sa prochaine crème hydratante. Parce que tu le vaux bien". Je l'aurais presque cru.
j'avais l'impression de retrouver un cinquième sens oublié depuis longtemps. "Ah, t'es allée fumer ! Qu'est-ce que tu pues la clope !". Oui, je commençais à cumuler les symptômes de l'ex-fumeuse.

Il a suffi d'une Saint-Valentin. Pourtant, j'étais pas toute seule. Enfin, je veux dire, j'étais pas avec Valentin, mais je buvais un canon avec ma copine Valentine. Une chance, Valentine, elle s'en fout de la Saint-Valentin. Oui, c'est plus facile quand on a un Valentin de ne pas lui souhaiter sa fête (aparté perfide). Bref, on était là à discuter tranquillement avec Valentine. Et puis elle m'a dit : "je te laisse 2 minutes, je vais m'en griller une". Et là, je sais pas ce qui m'a pris :
Réponse A : L'euphorie due à mes deux bières ?
Réponse B : L'envie de jouer avec le feu (du briquet) ?
Réponse C : Un sentiment de solitude ?
Réponse D : Une pulsion ?
Réponse E : Les quatre à la fois ?

En tout cas, j'ai suivi Valentine. L'air de rien, je lui ai dit "tu m'en files une ? T'inquiètes, je gère". Pffffff, je gère, tu parles. A la première bouffée, j'ai su qu'elle avait gagné. Y a pas eu de grandes effusions, entre Nicotine et moi. Juste un vieux couple qui se retrouve, avec ses petites habitudes.

C'est que Nicotine, elle est tenace. Ou alors c'est moi qui suis lâche ...

Lucy

PS : Valentine, tu n'y es pour rien. Bisous.


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